Les orques du détroit de Gibraltar sont accusées d’ « attaquer » les voiliers alors qu’en fait, ce qui les intéresse, ce sont les safrans des bateaux, la partie du gouvernail qui est dans l’eau… Leur joujou préféré du moment !
“Il ne s’agit ni d'«attaques», ni d’une «vengeance» ou encore d’une «rébellion» comme on peut le lire dans de nombreux articles des médias, mais d’un nouveau comportement de jeu, impliquant des individus de plusieurs groupes sociaux, notamment des jeunes. L’équipe qui suit la population sur place depuis plus de 20 ans indique que plusieurs de ces individus ont montré une forte propension à s’approcher des équipements humains dès leurs premières années, et appartiennent à des groupes qui interagissent aussi fréquemment avec les engins de pêche, se nourrissant des poissons capturés par les pêcheurs".
Paul TIXIER (IRD, MARBEC), chercheur en écologie des mammifères marins et leurs interactions avec les activités humaines, co-coordinateur du suivi des populations d’orques du sud de l’océan Indien avec le CEBC-CNRS
“De ce qu’on voit par les vidéos sous marines notamment, quand on les voit arriver autour du gouvernail et toucher le safran, essayer de l‘enlever, ça s’apparente plutôt à du jeu collectif. Elles sont plusieurs, elles se passent l’objet une fois qu’il est détaché, elles continuent de jouer avec dans l’eau loin du bateau une fois qu’elles ont réussi à l’enlever. Les orques n’apparaissent absolument pas motivées par une volonté de couler le bateau ou de faire du mal aux personnes qui sont dessus", précise Paul TIXIER.
"La priorité est cependant aujourd’hui de trouver des solutions, car c’est évidemment une expérience qui peut être traumatisante pour les personnes à bord des navires impliqués, et ce qui est inquiétant, ce sont les réactions agressives de la part des gens que les interactions pourraient susciter. La population d’orques qui fréquente le détroit de Gibraltar est très petite et associée à de forts enjeux de conservation. Un axe de réflexion à privilégier, parallèlement au développement de solutions technologiques sans impact pour les orques ni leur environnement, est de modifier notre utilisation de la zone, en s’adaptant à la présence des orques et en évitant les zones où les probabilités d’interaction sont les plus fortes, ce qui est aujourd’hui une information connue".
En savoir plus
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/camille-passe-au-vert/camille-passe-au-vert-du-mardi-27-juin-2023-5276526
https://reporterre.net/Francois-Sarano-La-vengeance-des-orques-C-est-tout-a-fait-fantasme